ADHF-F
Fédération des Associations de Défense de L’Habitat Fluvial
Voici le texte définitif de la charte, adopté en Conseil d’Administration en février 2024
Les adhérents de l’ADHF sont des habitants du fleuve. Ils aménagent leurs bateaux pour y vivre sans but commercial ni lucratif.
La vie sur l’eau, élément naturel dont ils acceptent les contraintes, est un choix volontaire qui suppose la solidarité, l’entraide et la relation avec les autres bateaux.
Ils ont conscience de se trouver sur le domaine public fluvial, et d’avoir à en partager l’accès avec les autres usagers, professionnels ou particuliers. Le respect de leur environnement, qui est leur propre cadre de vie, est aussi une préoccupation constante.
Autrefois marginal, c’est un mode de vie qui attire aujourd’hui, spontanément, de plus en plus de monde. Ce mouvement s’accompagne d’un regain d’intérêt collectif pour le fleuve et pour ses attraits, il nécessite par conséquent de préciser un certain nombre de principes fondamentaux.
Cette charte a donc pour but de proposer à nos adhérents actuels, futurs ou à d’autres partenaires, des règles établissant les bases d’une intégration responsable de l’habitat fluvial dans son environnement, et d’une meilleure compréhension de ce mode de vie par l’administration, les collectivités locales traversées et par l’ensemble des usagers du fleuve et de ses berges. Y souscrire, suppose le respect des différents points abordés.
Il est très important de définir clairement la notion d’usage du bateau dans le but de préserver les zones bateaux logements telles qu’elles ont été reconnues au moment du rapport Grégoire en 1987 et jusqu’à ce jour.
Chaque zone doit en effet être réservée exclusivement à l’usage pour lequel elle a été créée.
Il existe principalement 2 types d’usage pour les bateaux dit stationnaires :
a/ Usage logement
Il se définit par l’occupation permanente ou occasionnelle d’un bateau, lequel sert alors de logement, et ne représente pas directement une source de revenu pour ses occupants.
La pratique d’une activité professionnelle conjointe à l’habitation, mais qui ne tire pas profit directement du bateau n’en modifie pas l’usage.
La location, qui doit rester un droit, ne modifie pas non plus l’usage, dans la mesure où celle-ci, quelle que soit la surface louée, ne devient pas une activité professionnelle.
b/ Usage commercial
Par opposition à l’usage logement, l’usage commercial se définit par l’exploitation commerciale du bateau, et par l’existence de ressources engendrées par le bateau en tant que tel.
La notion d’habitat n’étant pas prise en compte dans cet usage, cette charte exclut par définition les bateaux à usage commercial.
Nous n’avons pas à intervenir sur l’utilisation que l’administration souhaite faire de son domaine, mais l’intérêt de tous, propriétaires de bateaux comme riverains, promeneurs, ou usagers de la voie d’eau, est de se garder des pressions commerciales d’exploitation du domaine public, et de faire en sorte, entre autre, que les zones réservées aux bateaux logements ne se confondent pas avec les zones d’activités commerciales.
En conséquence, s’il y a modification de l’usage logement d’un bateau en usage activité, celui-ci doit être déplacé vers une zone activité.
a) usage commun
L’usage commun est celui utilisé lorsque le bateau se déplace et doit en conséquence stationner dans des zones non dangereuses et non interdites (haltes fluviales par exemple), pour des périodes courtes et variables selon la réglementation locale.
Cet usage, qui rentre dans le cadre de la jouissance gratuite du domaine public, ne fait pas l’objet d’une redevance de stationnement.
b/ usage privatif
L’usage privatif correspond à l’attribution, toujours temporaire et résiliable, d’un emplacement que l’État, moyennant redevance, réservé à un usager privé.
Dans le cas particulier des bateaux logements cet usage privatif se traduit par une Convention d’Occupation Temporaire (COT) assortie d’un certain nombre de règles.
Lorsqu’un bateau utilise de façon privative le domaine public, le principe d’une redevance n’est alors pas contestable, mais le montant de celle-ci doit toujours reposer sur des bases réglementaires et justifiées.
L’usage privatif du plan d’eau sur lequel se trouve le bateau ne s’étend pas à la berge attenante, et le respect de l’accessibilité et du passage des autres usagers sur cette berge est une obligation pour les habitants du fleuve. Toute construction ou éléments divers déposés sur la berge qui est le domaine public ne faisant pas partie de la COT, doivent être prohibés.
De la même façon, toute modification significative du bateau doit être signalée et approuvé par l’autorité compétente en charge du domaine public fluvial (VNF ou autre administration conventionnée)
Dans la convention d’occupation temporaire liée à l’usage privatif du domaine public, le terme temporaire précise l’inaliénabilité du domaine public en général et fluvial en particulier.
En conséquence l’emplacement utilisé en usage privatif ne peut être privatisé, il ne peut donc pas être vendu.
Parce que l’habitat fluvial se trouve en très grande majorité sur le domaine public, il est contraint à un certain nombre de devoirs ; mais parce que les propriétaires de bateaux logements sont eux-mêmes des usagers et des citoyens, et qu’ils s’acquittent d’une redevance de stationnement, ils ont aussi des droits.
Ces droits et ces devoirs s’appliquent :
a) Avec l’administration
Celle-ci se doit :
Ainsi les accords passés en 1994, procurant une certaine stabilité du statut de l’habitat fluvial doivent être respecté, et en particulier :
Toutefois si l’emplacement ne peut être renouvelé l’administration doit tout mettre en œuvre pour retrouver au bateau un nouvel emplacement approprié.
Les propriétaires de bateaux logements eux, se doivent de respecter les textes en vigueur et en particulier ceux concernant la sécurité et l’entretien régulier de leur bateau.
b) Avec les collectivités locales et les communes en particulier
Les habitants du fleuve sont des citoyens à part entière, ils peuvent donc participer à la vie culturelle, associative et politique de la ville et avoir accès à l’ensemble de ses services.
Ils utilisent aussi les infrastructures et les établissements publics de cette commune, du département ou de la région.
La participation financière à ces services doit donc faire l’objet d’une réflexion constructive avec les collectivités locales dans la limite du droit et d’une égalité de traitement avec les autres habitants de la commune.
c) Avec les riverains
L’intégration dans la vie communale passe par le respect des règles de bon voisinage, par le soin apporté à l’aspect extérieur des bateaux et par la non occupation abusive de la berge.
La position charnière, située entre terre et rivière, que les bateaux logements occupent, doit également encourager leurs habitants à être ouverts aux échanges avec les promeneurs et les riverains et à avoir une communication active et pédagogique sur ce choix de vie.
Les promeneurs et les riverains quant à eux se doivent de respecter l’intimité et la vie privée des habitants du fleuve.
d) Avec les autres usagers de la voie d’eau
Les habitants du fleuve doivent accepter l’amarrage occasionnel d’un bateau et permettre le débarquement de ses passagers.
Ils doivent aussi prévoir un passage suffisant pour pouvoir porter secours à d’éventuelles personnes en difficulté.
Les autres usagers de la voie d’eau se doivent d’être attentifs aux bateaux en stationnement, de respecter les réglementations en vigueur, et notamment les limitations de vitesse.
Il n’est pas de notre rôle, de déterminer un modèle esthétique contraignant enfermant l’imagination des propriétaires de bateaux dans un cadre définissant le bon goût.
Il faut à ce sujet remarquer que partout dans le monde, des architectures contradictoires et parfois controversées ont pu, avec le temps, devenir des références.
Cependant les bateaux logements sont d’abord des habitations flottantes qui dans leur grande majorité stationnent sur le domaine public, et à ce titre leurs propriétaires doivent respecter des règles de sécurité et de préservation de l’environnement, officielles ou de bon sens.
a/ Sécurité et accès
b/ Intégration architecturale dans le site
Rejets des eaux usées et entretien des berges.
Les occupants des bateaux logements ont conscience qu’ils doivent s’intégrer dans un milieu fragile.
La nature, l’air et l’eau qui les entourent font partie de leur cadre de vie journalier, et en cela, leurs habitants sont les premiers intéressés au respect de ces éléments et à l’équilibre de ces milieux.
C’est la raison pour laquelle, l’habitat fluvial refuse d’être considéré comme un bouc émissaire de la pollution des rivières, mais ce qui n’empêche pas que chaque propriétaire de bateaux a la responsabilité :
L’évolution de l’habitat fluvial, par la recherche de nouveaux emplacements ou par l’amélioration d’emplacements existants reste un de nos objectifs.
Pas uniquement dans le but de développer un mode de vie, mais aussi parce que dans beaucoup d’endroits, l’implantation des bateaux logements a activement participé à l’amélioration de l’état et de la fréquentation des berges.
Cette évolution doit se faire :
Pour que cette évolution soit équitable, il faut :
L’habitat fluvial, phénomène relativement ancien, s’est réellement développé dans les années 70/80.
Son existence, qui a donc une trentaine d’années, a créé une réelle communauté, réunie par une même passion, qui peut revendiquer désormais une culture propre avec ses rites, ses fêtes et son histoire.
Pour renforcer cette culture, et permettre une meilleure intégration des bateaux logements dans la vie et dans l’histoire de la voie d’eau, il est souhaitable d’encourager la navigation en aidant tous ceux qui veulent commencer à le faire.
Il faut aussi reconnaître et apprécier le travail acharné d’un certain nombre de passionnés, qui a permis la préservation de types de bateaux dont l’usage commercial n’était plus rentable, et qui auraient aujourd’hui totalement disparu.
La conservation et l’entretien de ce patrimoine, mais aussi les idées nouvelles inspirées par ce choix de vie, doivent pouvoir contribuer à conforter notre juste place sur la voie d’eau, parmi l’ensemble des autres usagers, dans le respect des lieux et de l’histoire de la batellerie.
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